Zèle, humanité, égard et prévenance dans le soin
« Lorsque l’on cesse de boire à la source des rêves, le développement ne se fait qu’à moitié. » Isabelle Sorente
Le contenu de ce numéro du CEMÉAction interroge donc différents univers de notre société, de la crèche à la prison, de la culture à la formation, de la relation aux objets connectés aux rapports que nous entretenons avec les institutions ou avec la jeunesse... Un élargissement de perspective qui vise, entre autres choses, à (ré)humaniser nombre de lieux et de configurations qui, bien trop souvent et trop intensément, sont considérés presque exclusivement à l’aune de leur fonction et de leur organisation, mettant entre parenthèses le fait que ce sont avant tout des aventures humaines, des histoires singulières et des lieux de vie.
L’intention est bel et bien de réhabiliter chacun-e en tant que sujet doté de désirs et de capacités, afin d’éviter les assignations à résidence, la réduction des possibilités d’action, les confinements dans les esprits, dans les corps et les environnements. Et particulièrement lorsque les individus sont en situation de dépendance, en début ou en toute fin de vie, qu’ils sont privés de liberté, considérés comme des consommateurs à influencer, dominés ou discriminés.
Il s’agit de développer un regard, sur les situations et les personnes, qui interroge leur dignité, leur existence et leur possibilité d’autodétermination, pour soutenir l’émancipation plutôt que les déterminismes, les solidarités plutôt que la compétition. Une véritable démarche culturelle en somme, s’opposant au fatalisme et à l’objectivisme technocratique, à l’insuffisance du pragmatisme, réhabilitant chacun-e au titre d’être humain compétent et pensant.
Outre le regard, il s’agit également de traduire ces intentions émancipatrices en actes et en pratiques, passer de l’observation en formation à des cadres et des activités concrètes, conjuguer le singulier et le collectif, dans les principes mais aussi dans les détails du quotidien qui font, il faut le souligner et le valoriser, la différence. Ce n’est pas rien.
Ce n’est pas rien, et c’est particulièrement important au moment où notre société de consommation de masse, d’inégalités flagrantes et honteuses, de dominations persistantes, voire accrues, favorise la méritocratie, la responsabilité individuelle et le développement personnel au détriment du bien commun, l’hédonisme au détriment de l’égalité et de la dignité pour toutes et tous.
Il s’agit de faire advenir une réelle société, un véritable écosystème qui n’oublie personne et prend soin de chacun-e, dans toutes les dimensions de son humanité. Il est temps.
Nous tenons à remercier les contributrices et contributeurs externes qui nous ont permis de réaliser ce numéro, pour leur temps et nos échanges précieux et passionnants : (par ordre d’apparition dans ce numéro)
- Les membres de La CLAC (Collectif des Luttes Anti-Carcérales).
- Juliette Moreau, avocate du Barreau et membre de l’OIP (Observatoire International des prisons).
- Sam Badet, médécin de garde généraliste en prison et maisons d’arrêt à Bruxelles.
- Serge Tisseron, psychiatre et docteur en psychologie membre de l’Académie des technologies.
- Miriam Rasse, psychologue, formatrice et ancienne directrice de l’Association Pikler France.
- Sylvie Carbonnelle, socio-anthropologue, chargée de recherche au Centre de Diffusion de la Culture Sanitaire (CDCS asbl), membre du Réseau Braises (Réseau interuniversitaire francophone d’expertises en vieillissement).
- Alisée, étudiante de 13 ans.
- Bernard De Vos, Délégué général aux Droits de l’enfant.
- Nicolas Go, docteur en Philosophie à Paris X et en sciences de l’Éducation à L’Université Paul Valéry Montpellier III.
Bonne lecture !
SOMMAIRE
- Le pouvoir émancipateur des pratiques culturelles
- La formation aux CEMÉA, un espace-temps pour prendre soin de soi et de l’autre
- Prendre soin en prison : une utopie bien-pensante ?
- De la nécessité de prendre soin des pouvoirs publics et des institutions pour faire société
- Quand les machines s’occupent de vous : interview de Serge Tisseron
- Humaniser le soin et cultiver l’autonomie, de la naissance à la fin de vie
- Cultiver notre humanité, c’est la faire vivre
- Les jeunes entre parenthèses
- L’élan vital pour grandir dès le plus jeune âge
- Pour une prise en charge partagée du care
- Éducation nouvelle, prendre soin par la joie
Pour tout contact avec le comité de rédaction, il vous suffit d’écrire à redac cemea.be
Pour recevoir un exemplaire papier, envoyez vos coordonnées à diffusion cemea.be
Nos publications sont le reflet des valeurs et des action du Mouvement des CEMÉA, dans leur conception et diffusion. C’est pourquoi elles sont :
- Élaborées et signées collectivement à l’exception des contributions externes ;
- rédigées en langage égalitaire pour promouvoir l’égalité des genres ;
- éditées sous licence Creative Commons pour soutenir leur circulation, l’échange et la créativité ;
- gratuites ou à un prix abordable pour favoriser leur accessibilité et lutter contre la marchandisation des idées et de l’éducation.