Faire appel à un hébergeur coopératif local, c’est un peu comme aller chercher ses légumes à l’épicerie bio du coin de la rue. C’est bien plus rassurant sur ce que l’on mange et la confiance est souvent justifiée. Dans l’hypermarché du coin, on a toute une communication pour vous convaincre que vous pouvez faire confiance à la chaîne en question… et puis on découvre parfois dans un bulletin d’informations ou une émission d’actualité que notre confiance à la chaîne A… B… ou C… n’était que crédulité. On apprend aussi parfois que les conditions de travail de la caissière que l’on croise, ne sont pas forcément idylliques.
Un tout petit évènement, une tête d’épingle est venue nous rappeler cela cette semaine. Une ou deux personnes de notre équipe, pas plus, utilisent un outil de mindmapping présent sur Nextcloud depuis quelques années. L’outil nous permet particulièrement de construire un propos, pour un article, un texte pour notre journal impulsion, une chronique pour cette lettre d’infos « A l’ère libre » ou de construire collectivement une intervention en formation.
Il y a quelques jours, Nexcloud a été actualisé par notre hébergeur et au vu du nombre de personnes qui utilisent l’outil mindmap… il a disparu dans cette action. Nous avons signalé cela chez notre hébergeur et dans l’heure, le service était à nouveau disponible pour les deux rares personnes qui l’utilisent. Que se serait-il passé si nous avions joué la facilité avec une major des GAFAM ? Évidemment, une entreprise commerciale faisant partie du top 5 mondial des sociétés les plus capitalisées, n’aurait rien à faire d’un outil que n’utilisent que quelques personnes. Il pourrait donc très bien disparaître… sans aucun recours possible pour les utilisateur-trice-s. Ce fut le cas, par exemple, de Publisher que Microsoft a décidé de ne plus développer au grand dam de beaucoup d’enseignant-e-s aux nombreux fichiers .pub.
Si nous revenons à notre comparaison de l’épicerie, si j’apprécie manger des betteraves, mais que la toute grande majorité des personnes détestent cela, je n’en trouverai plus dans mon hypermarché ou seule la rentabilité du plus grand nombre est le seul critère de choix. Je n’aurai pas plus le choix de dire à ma caissière préférée que cela me manque… ce qui pourrait toutefois avoir des conséquences chez mon épicier, qui pourrait, pour me satisfaire, en commander.
À l’écriture de ce texte, nous nous disons que la réflexion est transposable dans bien des domaines liés au numérique… Faire appel à un monstre de la librairie en ligne ou à ma libraire préférée, c’est aussi une question de confiance…
Ces géants, qu’ils soient du commerce, de la librairie, du logiciel, sont sans cesse en train de nous dire « Aie confiance », à la manière de Kaa le python du livre de la jungle, en usant et en abusant de leur taille, de leur influence sur le système, en nous incitant à ne pas avoir confiance en plus petits qu’eux. (Vous avez déjà eu des messages qui vous annonçaient « la fin du monde » de votre machine si vous osiez installer un logiciel libre sur votre téléphone ou votre ordinateur)… Il s’agit d’une nécessité démocratique, ne les laissons pas installer leurs monopoles sur nos vies, continuons à faire confiance à l’épicier du coin, allons encore dans une librairie faite d’étagères et de conseils… et hébergeons nos mails, nos documents chez l’hébergeur local … à qui nous pourrons demander de maintenir le petit service qui nous est utile.
Vous cherchez un hébergeur local de confiance, vous pouvez vous chercher un chaton !
Pardon ?
Oui, un membre des CHATONS, soit le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires.
Pour toutes questions sur notre mission numérique, vous pouvez écrire à numerique cemea.be.