Petit retour en arrière… En 2003, le décret ATL relatif à la coordination de l’accueil des enfants durant leur temps libre et au soutien de l’accueil extrascolaire est promulgué : il prévoit notamment l’obligation d’une formation initiale de 100 heures pour les professionnel-le-s travaillant dans ce secteur. Au-delà d’une exigence de durée minimale, quatre notions de base doivent y être abordées : la réflexion sur le rôle spécifique del’accueillant-e, les techniques d’animation d’un groupe d’enfants, une certaine connaissance de l’enfant de 3 à 12 ans et enfin, la prise en considération des adultes qui entourent l’enfant (la famille, l’équipe éducative). Si cette formation permet aux actrices et acteurs de terrain d’acquérir un bagage de réflexions et de compétences non négligeable, ce parcours est toutefois non qualifiant… ce qui peut engendrer parfois quelques frustrations pour les participant-e-s en quête d’un brevet.

Dans le groupe Accueil Temps Libre des CEMÉA, nous avons mené dès 2003-2004 une réflexion sur la meilleure manière d’organiser cette formation initiale, en répondant aux exigences de l’ONE, mais dans des modalités variées pouvant rencontrer les besoins, les attentes et les disponibilités du terrain. Elle est ainsi proposée sous trois formules différentes : soit 16 journées non résidentielles avec le même groupe de participant-e-s et la même équipe, soit quatre modules indépendants de 4 journées non résidentielles à agencer selon son choix, soit encore 10 jours de stage de base résidentiel, spécifiquement dédié aux professionnel-le-s : la fameuse « formation de base pour accueillant-e-s et animateurs-animatrices Temps Libre ».

Cette dernière formule nous a été inspirée du stage de base « libre » (entendez pour animateurs et animatrices volontaires), formation emblématique des CEMÉA, mise en place pratiquement depuis la création de notre mouvement. Dans le secteur Jeunesse, le stage de base constitue la première étape de la formation d’animatrice-animateur de centres de vacances, débouchant sur le brevet homologué par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il nous a donc paru intéressant de proposer, dès 2004, une formule hybride mixant les deux dispositifs : une formation résidentielle de dix jours, répartie en deux périodes de 5 jours, qui permettrait aux professionnel-le-s de terrain de se mettre rapidement en conformité avec les attentes de formation initiale du décret ATL, tout en vivant la première étape de la formation brevetante.

Ainsi, selon les aspirations, les besoins ou les motivations de chaque participant-e, cette formation de base peut être une fin en soi ou une étape vers le brevet. Cette double opportunité favorise la rencontre des publics de l’Accueil Temps Libre au sens large : s’y côtoient des accueillant-e-s extrascolaires, des animateurs et animatrices d’écoles de devoirs, de maisons de quartier, de plaines de vacances communales… qui vont durant dix jours partager leurs expériences et leurs pratiques de terrain, tout en vivant la richesse de la collectivité et des activités proposées.

De l’évaluation des équipes qui ont encadré cette action ces dernières années, « la formation de base ATL » est une action particulière, qui fait ainsi se côtoyer de jeunes animateurs-animatrices tout juste sorti-e-s de l’école et desaccueillant-e-s qui sont sur le terrain depuis parfois plus de vingt ans. Une formation qui provoque la rencontre entre professionnel-le-s agissant en milieu rural, dans les petites communes du fin fond de la province du Luxembourg, avec d’autres en provenance de communes bruxelloises très multiculturelles. Toutes et tous ayant comme point commun de travailler dans un secteur peu considéré et peu valorisé… En formation, plus que de toute autre chose, ces professionnel-le-s ont en effet besoin de prendre conscience de l’importance de leur mission éducative auprès des enfants et des familles. 

Les espaces de parole et les échanges de pratiques mis en place favorisent l’appropriation progressive des différents aspects de leur rôle, qui représente bien plus qu’un simple « entre-deux » entre la maison et l’école (pour l’accueil extrascolaire) ou qu’un quelconque « mode de garde » (pour les centres de vacances, les écoles de devoirs, les maisons de jeunes…).

Ce renforcement autour de l’estime de soi en formation participe de la construction d’une posture et d’une 
identité professionnelles fortes, qui contribue à son tour au développement d’une forme de culture institutionnelle plus affirmée autour de l’importance de l’Accueil Temps Libre. Car si les activités vécues durant la formation (les jeux, les chants, les rondes, les activités d’expression manuelle…) vont alimenter leur bagage d’animation, le plus important, pour les CEMÉA, est que ces professionnel-le-s retournent sur leur terrain avec une vision plus claire et plus assise de l’importance d’un accueil de qualité pour toutes et tous. Qu’ils-elles repartent avec l’envie de prendre encore plus soin des enfants et des jeunes, dans cette vie trépidante que les adultes leur imposent.

Pour plus d’informations sur notre groupe ATL, atl cemea.be.