L’être humain est éminemment social. De par sa constitution à la naissance, il est incapable de survivre seul. Son état de dépendance fait que l’environnement a une grande influence sur son développement physique et psychique. Plus particulièrement, la qualité des soins précoces a un impact sur l’expression des compétences innées.

« A la naissance, les connexions du cerveau du bébé sont encore malléables, elles peuvent être modifiées ou créées en fonction de ce qui se passe pour lui. (...) Des relations chaleureuses, constantes et positives favorisent le développement de son cerveau et le protègent des effets négatifs du stress »(1).

L’enfant doit donc pouvoir s’attacher à des personnes qui lui assurent une relation stable, fiable et continue. La plupart du temps, les premiers liens affectifs sont tissés avec les parents. Et ces liens sont primordiaux pour l’enfant. Mais, suite à la reprise du travail des parents, la séparation arrive parfois de manière très précoce, à un stade où le bébé ne fait même pas encore bien la distinction entre lui et les autres. Dès lors, comment envisager son intégration dans une collectivité ?

C’est la façon dont l’adulte professionnel-le lui permet de s’attacher, la manière dont il-elle préserve le lien avec ses parents et ce qu’il-elle va mettre en place autour de la séparation qui vont permettre à l’enfant de vivre cette dernière non comme une « perte » 2 mais comme une occasion positive d’aller à la rencontre de l’autre et d’assouvir son besoin de découverte du monde.

L’attachement, un besoin essentiel au bon développement

Longtemps on a « confronté » la théorie psychanalytique de l’attachement à la théorie de Bowlby (psychiatre et psychanalyste du 20e siècle) sur le sujet. Si pour Bowlby l’attachement est un besoin primaire, la psychanalyse nous le présente plutôt comme étant la conséquence de la satisfaction des besoins primaires (le soin est premier, l’attachement est second).

Ces deux orientations ne sont pas forcément opposées et il est intéressant de les penser de manière complémentaire.

Une chose est sûre, l’enfant s’attache à la personne qui lui donne des soins de manière régulière. Au départ, le bébé humain a une tendance instinctive à l’agrippement (notion introduite par Imre Herman, en 1936), tel le bébé singe qui s’agrippe à sa mère dès la naissance. L’animal a la capacité de le faire de lui-même, mais le bébé humain a besoin que l’on mette des choses en place pour que ce besoin soit assouvi. Le petit être humain est en effet le moins abouti de tous les mammifères, tant sur le plan physique que psychique.

Se réfugiant au départ dans l’agrippement, l’enfant se sécurise progressivement et libère ses mains pour agir. Au rythme des rencontres répétées avec l’adulte, un certain attachement se crée et l’enfant alterne moments de rencontre et moments d’exploration.

« Il existe une véritable balance dynamique entre les comportements d’attachement et les comportements d’exploration. Ce n’est que quand ses besoins de proximité sont satisfaits que l’enfant peut s’éloigner de sa figure d’attachement pour explorer le monde extérieur. L’attachement va bel et bien servir l’autonomie et non la dépendance »(3).

L’importance d’un attachement de qualité

La qualité de cet attachement dépend de la manière dont l’adulte, dès ses premières relations avec l’enfant, répond à ses pleurs, à ses besoins (s’il-elle vient tout de suite ou pas, régulièrement ou pas…).

Dans la théorie de l’attachement, il existe différents types d’attachement en fonction de la qualité des soins reçus. Sur base de ce qu’il a connu plus jeune, l’enfant se construit une représentation des réponses de ses parents puis, de manière plus générale, de la manière dont le monde peut lui répondre. C’est ce que l’on appelle « les modèles opérants internes » (John Bowlby, 1969). En famille, quand le cadre est sécurisant et le lien affectif de bonne qualité, les parents répondent souvent sur le même mode à leur enfant. Cette stabilité le sécurise. Il ne s’agit pas forcément de lui répondre dans l’immédiateté, mais plutôt dans un délai qui lui est supportable, variable selon les enfants. Ainsi par exemple, un enfant peut, dans le temps d’attente de la réponse, faire appel au souvenir des « bons moments de soin » qu’il a reçus précédemment et se tranquilliser ou s’auto-consoler (en suçant son pouce, par exemple). Cependant, si de manière répétée, le temps d’attente est trop long, c’est-à- dire s’il dépasse le temps « supportable » par l’enfant, cela peut être tout-à-fait désorganisateur pour lui.

L’enfant peut se construire plusieurs modèles opérants, mais pas en trop grand nombre. Plus il peut construire des modèles cohérents, plus il sera capable d’aller à la rencontre de l’autre (la rencontre de l’autre ne sera pas vécue comme angoissante a priori).

L’enfant a un grand besoin d’autonomie et il a une propension à s’attacher aux personnes qui lui permettent d’être lui-même. Mais pour cette invitation à l’autonomie, l’enfant doit multiplier les rencontres avec ces adultes-là. Toutefois, le nombre de ces adultes ne peut être trop important, sinon les manières de faire sont (trop) multiples et l’enfant n’est plus autant en capacité d’exercer son autonomie. En effet, il ne peut plus aussi facilement anticiper ce qui va se passer dans les moments de relation avec ces personnes. Par exemple, au cours du soin, la participation de l’enfant est conditionnée notamment par le fait que les choses sont faites de telle ou telle manière. Plus on multiplie le nombre de personnes, plus on multiplie les manières de faire différentes. L’enfant doit alors consacrer une grande énergie à se ré-adapter à chaque fois et il risque d’abandonner, ne parvenant plus à suivre ce qui se passe (les adultes en question risquent aussi de ne plus avoir la patience d’attendre la participation de l’enfant qui s’avère moins « efficace » et qui conduit à un soin plus long). Si l’on réduit le nombre de personnes, les rencontres sont plus riches, car l’enfant peut plus rapidement collaborer mais aussi s’affirmer, montrer son désaccord. Les relations investies en ce sens permettent donc l’attachement et l’affirmation de soi. L’enfant est acteur dans la relation. Il peut l’influencer et réaliser ainsi progressivement qu’il est différent de l’autre. Cela renforce son envie de découvrir cet autre et d’aller à la découverte du monde extérieur qui l’intrigue. L’attachement permet donc à l’enfant de se séparer, et même, il l’autorise à prendre distance.

Un enfant qui fait l’expérience d’être pris en considération dès son plus jeune âge n’a pas forcément besoin de s’opposer (dans l’enfance ou dans l’adolescence). «  À l’inverse, un enfant qui est empêché de s’affirmer peut, quand il en a l’occasion, s’opposer, et ce de manière probablement beaucoup plus forte. Plus particulièrement, par rapport aux parents, l’enfant sait qu’il peut s’opposer à eux sans crainte de perdre leur amour »(4).

Et en milieu d’accueil, comment assouvir ce besoin d’attachement à l’adulte ?

Le contexte des milieux d’accueil est tout à fait différent du contexte de la maison. Pourtant, les besoins de l’enfant en terme d’attachement y sont aussi bien présents. Comme le disait Myriam David, « la mère soigne son enfant parce qu’elle l’aime, la nurse aime l’enfant parce qu’elle le soigne »5. Dans les deux cas, l’adulte prend soin de l’enfant et doit lui permettre de s’attacher de la manière la plus sécure possible. L’enfant doit pouvoir compter sur l’adulte quand il en a besoin et obtenir des signes de son attention, que ce soit par la voix, par le regard, par le toucher, etc.

Le cadre de la collectivité fait que l’adulte n’est pas toujours disponible quand un enfant a besoin de lui. Il convient donc de réfléchir à une organisation qui permette à chaque enfant d’avoir, de manière assurée, des temps de réels échanges avec un petit nombre d’adultes de référence. Et les soins sont des moments qui, de par leur nature (intimité, proximité), sont particulièrement déterminants en terme d’attachement. La douceur du geste, de la voix, les paroles adressées à l’enfant (pour décrire ce qui se passe, lui permettre d’anticiper ce qu’on va lui faire en tentant de comprendre du mieux possible ce qu’il vit, etc.), la possibilité pour l’enfant de participer (en lui laissant le temps de réagir et en prenant en compte ses initiatives), tous ces éléments font du soin un agréable moment qui participe à la rencontre de l’enfant et de l’adulte. Le soin est un passage « obligé » pour le bien-être physique de l’enfant et sachant qu’autant de choses s’y jouent, il s’agit de le réfléchir de manière à ce qu’il puisse répondre aussi aux autres besoins de l’enfant.

Même si l’adulte tente d’établir une relation de qualité avec l’enfant, le soin n’est pas forcément vécu positivement d’emblée. L’enfant peut refuser d’être pris en charge par un adulte qu’il connait peu (ou pas) et qui est perçu au départ comme celui qui l’a séparé de ses parents. Mais les occasions de rencontre se multiplient... Autant de chances pour l’adulte de se faire apprivoiser en se rendant un maximum disponible à l’enfant et à ce qu’il vit. Ainsi, au fil des rencontres, les expériences de plus en plus positives lui permettent de profiter pleinement de ces moments réguliers qui véritablement le ressourcent affectivement plusieurs fois par jour. Alors l’enfant a la capacité par la suite de se retrouver seul et de se concentrer sur lui-même et sur ses découvertes en se sachant « porté » par l’adulte.

La place des parents

Là où beaucoup de choses sont faites de manière spontanée et intuitives par les parents, les professionnel-le-s de la Petite Enfance doivent se référer à un cadre et tisser progressivement un lien avec l’enfant et ses parents. Souvent, la seule chose qui fasse véritablement sens pour le bébé, ce sont les personnes qui prennent soin de lui au quotidien et l’endroit dans lequel il vit depuis sa naissance. C’est pourquoi il est fondamental de comprendre qui il est, pour connaitre ses habitudes, ce qu’il aime, ce qu’il n’aime pas, les situations qui l’apaisent ou au contraire l’inquiètent, etc.

Lorsqu’un enfant entre en collectivité, toutes ces informations peuvent être communiquées par ses parents aux professionnel-le-s, d’abord avant l’arrivée concrète dans le lieu d’accueil, puis pendant la familiarisation et ensuite au jour le jour durant sa période d’accueil. La complémentarité entre parents et professionnel-le-s est essentielle pour accueillir le jeune enfant au mieux et répondre de la manière la plus ajustée possible à ses besoins individuels. La communication entre adultes montre également à l’enfant que son « cas particulier », sa personne, intéresse hautement l’adulte responsable de lui (au delà de ce qu’il vit dans le milieu d’accueil). Elle valorise aussi les compétences des parents, qui restent les adultes qui connaissent le plus en profondeur leur enfant.

Créer un lien avec les parents nécessite du temps et de l’énergie (compte-tenu de la gestion parallèle du reste du groupe). Là encore, la structure qui accueille l’enfant doit prévoir ce temps, qui n’est pas du temps perdu. Il rend possible la connaissance plus rapide et plus profonde des nouvelles personnes accueillies (l’enfant et ses parents). Il permet aussi d’éviter des malentendus et de progresser sur le chemin de la confiance. Au-delà de tous les impacts positifs sur la relation, c’est une prise en charge plus ajustée des personnes et ainsi beaucoup de temps gagné dans cette collectivité où le temps est souvent compté.

Même si ce premier temps d’accueil de l’enfant et de ses parents est soigné, la familiarisation ne suffit pas pour que la confiance soit déjà instaurée ou que l’enfant soit complètement tranquille au terme de celle-ci et qu’il se sépare de ses parents sans aucune difficulté. Mais au mieux le contact sera établi, au plus l’enfant saura sur qui il peut réellement compter en l’absence de ses parents, parce qu’un lien a commencé à s’établir.

La collectivité, un haut lieu de séparation

Le milieu d’accueil est avant tout un lieu de séparation. Il faut tenir compte de cette donnée de base pour réfléchir l’accueil de l’enfant, sachant que pour pouvoir se séparer de manière sereine, il faut être en lien. Comme l’attachement se crée avec une personne privilégiée (figure d’attachement primaire) et des figures d’attachements secondaires, le jeune enfant séparé de ses parents doit pouvoir s’appuyer sur un petit nombre de personnes privilégiées qui prennent soin de lui et qui le portent dans leur tête.

L’enfant doit pouvoir s’attacher à des adultes maternant-e-s, c’est-à-dire à l’écoute de ce qu’il vit et de ses initiatives, et ayant en tête l’objectif qu’il se connaisse mieux lui même et qu’il puisse, dès lors, accéder à une certaine autonomie par rapport à son corps et, de manière générale, par rapport à tout ce qui le concerne.

Dans cet ordre d’idées, « l’adulte n’a pas d’attente particulière par rapport à l’enfant, il respecte sa temporalité, son rythme et se rend disponible à ce qu’il se passe pour lui »6. L’adulte lui parle mais veille, par le choix de ses mots, à ne pas aller trop loin dans ce que l’enfant n’aurait pas envie de partager ou qui serait trop loin de ce que qu’il vit et/ou ressent.

L’adulte laisse l’enfant au maximum libre d’explorer ce qui est à sa disposition et prend du temps pour l’observer et soutenir son activité par un regard, un mot, ou simplement sa présence. « Il-elle rappelle le cadre tranquillement afin que l’enfant puisse continuer à prendre du plaisir dans ses activités en étant lui-même tout en tenant compte des autres. La liberté et le cadre co-existent et sont nécessaires à la sécurité de l’enfant ; il a besoin d’être contenu pour pouvoir être libre » 7. Parfois, l’enfant a besoin de retrouver des moments de proximité ou de contact avec l’adulte. Par exemple, il demande de l’aide même pour quelque chose qu’il sait faire a priori. On voit régulièrement certains enfants plus grands, autour de 2 ans ou plus, requérir de l’aide à table alors qu’ils sont capables de manger seuls. C’est une manière de réclamer à l’adulte d’être plus « avec eux » et il est important de pouvoir accéder à cette demande en se remémorant le contexte de séparation que les enfants vivent.

L’attachement du côté des professionnel-le-s

Prendre soin de manière régulière d’un enfant qui passe parfois plus de temps dans le lieu d’accueil que chez lui, favorise la création de liens forts entre l’adulte et l’enfant. Particulièrement si l’on veut garantir son besoin d’attachement à un-e professionnel-le en particulier. Des craintes peuvent alors émaner chez les professionnel-le-s de l’accueil, notamment la crainte d’un trop grand attachement et d’une dépendance (relation exclusive enfermante).

L’adulte doit être contenant-e, mais pour cela, il-elle doit lui-elle-même être contenu-e. « S’il-elle est débordé-e par ses émotions, il-elle devient pulsionnel-le et ne parvient plus à rester dans une distance juste » 8. Le projet du lieu dans lequel le-la professionnel-le travaille joue ce rôle de contenant, tout comme les réflexions et les discussions entre les collègues au sujet de ce qui est proposé à chaque enfant en particulier. Le partage avec les autres adultes permet également de trianguler la relation à l’enfant et de prendre distance. La proximité est donc le résultat de ce travail délicat d’équilibre entre la distance professionnelle et l’implication affective envers l’enfant.

Quand l’adulte interprète les signaux/appels de l’enfant, il-elle est renvoyé-e vers ce qu’il-elle a connu étant plus jeune (ex : lever l’index peut renvoyer spontanément vers la demande de permission, la demande d’avoir la parole, vers le concept « attention », etc.). « En tant qu’adulte, on repense à l’enfant que l’on a été, mais aussi à celui que l’on aurait voulu être et enfin à celui que l’on craint avoir été »(9). C’est d’ailleurs souvent ce qui est à l’origine des motivations et des choix professionnels (ex : « j’ai été difficile, alors je vais aider le bébé des autres à ne pas l’être »). Il y a donc comme une réparation de soi à travers ce que l’on provoque chez les autres. Mais ces mouvements de projection peuvent empêcher de voir l’autre tel-le qu’il ou elle est réellement. En tant que professionnelle, il est donc important d’avoir conscience de l’existence de ce phénomène et de partager régulièrement en équipe les représentations que l’on a d’un enfant, afin de permettre le croisement des regards et donc de maintenir la distance.

Il existe un autre risque : celui de ne pas réussir à préserver la place des parents et donc d’engendrer de la rivalité. Pour éviter cette situation, il est important de créer un véritable lien avec les parents aussi (comme expliqué plus haut) en les considérant réellement comme des partenaires. Il s’agit également de raccrocher l’enfant à ce qu’il vit au quotidien avec ses parents, en faisant référence à eux en leur absence. Ainsi, il n’est pas coincé dans des conflits de loyauté et il peut se laisser vivre des moments forts avec son puériculteur ou sa puéricultrice, avec la garantie implicite que cela n’entravera en rien le lien d’amour qui l’unit à ses parents.

L’effet de la relation de qualité sur le jeu et l’activité libre

Comme énoncé plus haut, le jeune enfant n’existe que dans sa relation à l’autre. La conscience de soi ne peut se créer que dans la rencontre avec l’autre.

La capacité à être seul est le signe d’une maturité affective de l’individu. Winnicott fait l’hypothèse que, de par l’immaturité du bébé, cette aptitude à être seul se fonde sur une expérience particulièrement importante : celle de pouvoir « être seul en présence de la mère »10 (ou de toute autre personne qui prend soin de l’enfant). L’enfant peut être seul parce qu’il a reçu des soins maternels d’une certaine qualité qui lui permettent d’édifier une confiance en un environnement favorable. Il parvient ensuite à intérioriser tous ces soins de qualité et est alors capable d’être heureux même en l’absence de cet adulte.

L’enfant prend progressivement conscience qu’il existe indépendamment de l’autre. De plus, grâce à la confiance qu’on lui a témoignée, il sait qu’il est compétente. Sa confiance en lui en est renforcée. Ces ressources ne peuvent se développer que si on n’interfère pas tout le temps dans son activité. L’activité autonome a une importance capitale pour la confiance en soi et pour le développement de l’intelligence. L’enfant autonome dans ses découvertes explore le monde à son rythme et découvre les propriétés des objets, ainsi que toute une série de phénomènes logiques, conséquences de ses actions. En choisissant son activité, il exerce naturellement précisément ce qui lui est nécessaire à ce moment-là pour progresser dans sa compréhension du monde. L’enfant passe par toutes les étapes qui lui sont nécessaires et qui ne sont pas forcément les mêmes que celles de ses pairs. L’activité autonome est donc une réponse ajustée au besoin d’exploration.

Il est évident que l’adulte a un rôle important à ce niveau : il-elle place dans l’environnement de l’enfant des objets adaptés pour qu’il puisse trouver et retrouver ce qui l’intéresse et qu’il continue à explorer de jour en jour. C’est l’observation qui guide l’adulte dans ce travail. En collectivité, l’aménagement de l’espace permet de rencontrer les besoins individuels de chaque enfant et de diminuer l’effet d’envahissement du groupe. L’enfant a donc la possibilité de mieux se concentrer sur ce qu’il accomplit et l’adulte peut plus facilement l’observer. Adulte et enfant entretiennent donc plus aisément leur attachement par le regard, l’enfant sentant concrètement le lien qui l’unit à sa puéricultrice ou son puériculteur.

Conclusion

Les enfants sont différents, cela semble aujourd’hui bien compris. Et pourtant quand ils sont accueillis en collectivité, beaucoup de choses sont proposées de manière uniforme à tous. Dès lors, on peut se demander comment chacun, dans son individualité, peut s’y retrouver.

En milieu d’accueil, une collectivité d’adultes prend soin d’une collectivité d’enfants. Il est donc nécessaire d’avoir des lignes de conduite identiques et des manières de faire semblables et cohérentes, mais au sein de cette macro-organisation, il convient de proposer à chaque enfant des choses différentes qui correspondent à qui il est en tant que personne distincte. Et pour cela, il faut connaitre en détail chacun des enfants accueillis.

Les moments de rencontre et les soins de qualité permettent progressivement à l’enfant à la fois de s’attacher et de réaliser qu’il est un individu à part entière. Ce chemin parcouru avec l’adulte dans la compréhension de lui-même et de ses compétences l’aide à se séparer en confiance pour aller à la découverte du monde extérieur et des autres.


(1) Société canadienne de pédiatrie, Soin de nos enfants, 2013 (consulté le 10 janvier 2018). Disponible sur https://www.soinsdenosenfants.cps.ca/handouts/your_babys_brain. (2) Chantal, Fleury, « Un lieu de qualité préserve la relation parent-enfant », Journal des professionnels de l’enfance, 31, novembre-décembre 2004, pp.56-59. (3) Barbey-Mintz, Anne-Sophie, Dugravier, Romain, Faure-Fillastre, Odile (dir.), L’attachement, de la dépendance à l’autonomie, Paris, Erès, « enfances et PSY », 2017, 200 p. (4) Notes extraites de la formation La socialisation du jeune enfant, Agnès Lucas, juin 2016. (5) M. David à l’occasion du 50e anniversaire de l’Institut Pikler. (6 & 7) Notes extraites de la formation La socialisation primaire – A la rencontre de soi et de l’autre, Julianna Vamos, novembre 2014. (8 & 9) Notes extraites de la formation La socialisation primaire – A la rencontre de soi et de l’autre, Julianna Vamos, novembre 2014 (10) Winnicott, Donald, La capacité à être seul, Paris, Payot « Petite Bibliothèque Payot », 2015.