Le 18 février dernier, nous nous sommes retrouvé-e-s à nouveau à une cinquantaine à PointCulture Botanique pour s’approprier les contenus de cette étude et en tirer les enseignements /4 pour l’évolution de nos pratiques. L’opportunité a été saisie pour partir des fondamentaux de l’Éducation permanente, non sans porter un regard critique sur l’outil numérique en tant que tel.

Il était bon de rappeler que le recours au numérique s’était imposé au secteur de l’Éducation permanente, majoritairement pour continuer à agir « avec les moyens du bord  » malgré les restrictions liées à la crise sanitaire et qu’il n’était pas inéluctable. Ce succédané entraînait des pertes importantes de dynamique collective et de créativité, de mobilisation, d’espaces informels,de régulation... Des pertes de publics aussi, tout en en faisant apparaître d’autres... La question de qui est là ou qui n’est pas là nous paraissant pertinente pour toutes les configurations organisationnelles.

Il était intéressant également de dépasser l’opposition entre l’usage de logiciels propriétaires aux mains des GAFAM /5 dominateurs face aux vertueux logiciels libres pour interroger les usages des outils, leurs effets sur les individus et les groupes et notre capacité à les manier dans une perspective émancipatrice. Parce que des outils restent des outils au service d’un projet et qu’il s’agissait bien de donner du sens au projet pour ne pas confondre la fin et les moyens.

Il était juste également de convoquer Marcel Hicter et le concept de démocratie culturelle /6 , insistant sur la culture dans son sens anthropologique, mobilisant les corpset les esprits, les relations humaines, la vie et l’histoire de chacun-e tout en incitant aux expérimentations libres. La revendication également de bâtir une démocratie plus égalitaire, insistant sur le rôle de sujet des publics, les instituant en tant que commanditaires des actions d’Éducation permanente.

Toutes ces choses en tête et mobilisant leurs expériences de terrains, les participant-e-s de la journée ont pu construire l’après-midi des messages à l’intention des pouvoirs politiques, de leurs institutions ou de leurs publics.

Une après-midi qui s’est déroulée en plusieurs temps en trois sous-groupes : des activités supports à la réflexion, des échanges et des moments de formalisation. La première activité a permis de faire émerger et de confronter les représentations des personnes concernant l’Éducation permanente et le numérique. Après avoir écrit le premier mot qui leur venait en tête à l’évocation de ces deux concepts, les participant-e-s ont pu échanger par groupe de deux ou de trois. L’activité se répète, les représentations se diversifient, l’argumentaire se développe.

À l’écoute des différents vécus, certain-e-s évoquent la sensation de « voir un tableau impressionniste se peindre au fur et à mesure ». D’autres y voient « une éloge de la nuance » et soulignent l’importance de l’échange des différentes réalités.

Chemin faisant, la discussion glisse du vécu vers le fond. Les questions de valorisation sont soulevées et l’importance prendre en compte tous-toutes les acteur-trice-s de l’Éducation permanente dans leur diversité de contextes et de pratiques. En effet, l’expérimentation libre n’est possible que dans un cadre serein, avec l’appui et la caution du pouvoir politique et de ses employeurs.

Pour concrétiser ces réflexions, un nouveau temps d’activité est proposé : adresser des revendications et/ou des points d’attention du point de vue des institutions, de celui des employeurs ou du point de vue des publics.

Des binômes ont ainsi concrétisé leur réflexions sous forme de banderoles...

Message à l’attention des pouvoirs publics :

Le droit au flou ; tout peut-il être chiffré quand on fait de l’Éducation permanente dans une crise qui fait muter tant les besoins que l’action ?

Message à l’attention des publics :

Vous en savez au moins autant que nous... Le numérique nous questionne autant que vous : construisons ensemble une critique du numérique et un numérique critique.

Message à l’attention des employeurs  :

Laissez-nous auto-organiser collectivement une réflexion ouverte sur le sens, les usages, la pertinence, les effets et limites des outils numériques dans notre travail et nos relations internes/en équipe, et avec nos publics.

Une journée et une démarche essentielles donc pour les (futures) pratiques d’Éducation permanente !

[1] -Fédération des Employeurs des Secteurs de l’Éducation et de la Formation des Adultes
[2] -Culture & Démocratie, Gsara, ACMJ, La Concertation, La Maison du livre, Centre Librex, PAC, PointCulture, CFS.EP, Cesep
[3] -https://intermag.be/analyses-et-etudes/associatif-institutions/723-l-education-permanente-dans-la-crise-sanitaire-quelle-evaluation-de-sa-relation-au-numerique
[4] -Captation vidéo à retrouver sur https://www.youtube.com/watch?v=vAbZZWjsscE
[5] -Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft
[6] -M. Hicter, Pour une démocratie culturelle, Bruxelles, Direction générale de la Jeunesse et des Loisirs du Ministère de la Communauté française et Fondation Marcel Hicter pour la Démocratie culturelle, 1980