S’il est une chose que la crise sanitaire et sociale du COVID-19 a mise en lumière, c’est à quel point les femmes sont présentes et actives dans les métiers dits « du care ». Que ce soit dans les secteurs des soins médicaux et infirmiers, des soins aux personnes et des aides ménagères, ou encore dans la prise en charge des nouveaux-nés, des enfants et des personnes âgées, les femmes sont en effet en toute première ligne.
Le terme anglo-saxon « care » n’est pas facile à traduire en français. Entre soin, préoccupation de l’autre, prévenance ou encore bientraitance, l’autrice et philosophe Fabienne Brugère (2) le définit comme un concept qui désigne, d’une part, la sensibilité et le souci que l’on peut avoir envers les besoins des autres et d’autre part, l’action de prendre en charge et d’assumer ces besoins. Ces dernières années, nombre d’études (3) et de publications (4) ont mis en avant la place prépondérante des femmes dans les métiers du care, mais il est évident que c’est la crise sanitaire qui a permis de visibiliser le phénomène aux yeux du grand public. Les choses vont-elles pour autant évoluer dans les années d’après-crise vers une vision moins clivée des secteurs professionnels ? Et qu’en est-il de la prise en charge du care à la maison (l’éducation des enfants, les tâches ménagères, les soucis du quotidien, etc.) au sein des couples et des familles : la répartition des tâches est-elle moins genrée, plus égalitaire ?
Cet article vous invite à un voyage à travers le care : de la sphère publique à la sphère privée, de l’origine historique et politique du concept aux enjeux féministes actuels en lien avec la question de la charge mentale. Une invitation à observer certains fonctionnements de notre société avec le filtre « genre » donc, mais également à regarder avec attention la manière dont chacun et chacune d’entre nous interagit au quotidien.
L’éthique du care : une théorie sexiste devenue un outil d’analyse féministe
L’éthique du care (ou éthique de la sollicitude) a été développée par la philosophe et psychologue américaine Carol Gilligan dans les années 1980 (5), en réaction à une autre théorie, datant de la fin des années 1950, sur le « développement moral des (pré-)adolescent-e-s ».
En effet, tout commence en 1958 lorsque Lawrence Kohlberg, considéré comme le pape américain de la psychologie du développement, publie une thèse à l’université de Chicago intitulée « The Development of Modes of Thinking and Choices in Years 10 to 16 » (Le développement des façons de penser et de choisir, de l’âge de 10 à 16 ans). Selon lui, il existerait un modèle-type de développement moral par stades, de l’enfance à l’âge adulte, dont le sixième et dernier niveau permettrait d’atteindre une forme de morale parfaite, celui de « l’éthique humaine universelle ». (6)
Pour fonder sa théorie, Lawrence Kohlberg a soumis des adolescent-e-s à diverses situations-problèmes, afin d’évaluer leur stade de moralité en fonction des justifications qu’ils et elles donnaient. La plus célèbre de ces situations- problèmes est appelée « le dilemme de Heinz » : « La femme de Heinz est très malade. Elle peut mourir si elle ne prend pas un médicament X. Celui-ci est hors de prix et Heinz ne peut pas le payer. Il se rend néanmoins chez le
pharmacien et lui demande le médicament, ne fût-ce qu’à crédit. Le pharmacien refuse. Que doit faire Heinz ? Laisser mourir sa femme ou voler le médicament ? »
Dans l’expérience, ce qui importe, ce n’est pas la réponse, mais la justification donnée : les raisons invoquées permettent de situer le stade moral atteint par le sujet (l’obéissance, l’intérêt personnel, la conformité aux conventions sociales, le rapport à la loi, l’éthique… ). Les tests de Kohlberg n’étaient cependant pas conçus à des fins de diagnostic individuel, mais avaient pour objectif de mesurer la relation statistique entre différentes variables (comme l’âge, le sexe, les conditions socio-économiques, etc.) et le niveau de développement moral (7).
La « théorie du développement moral » va avoir un succès considérable pendant les années 1970 et 1980 dans le domaine de la psychologie morale. Alors qu’elle mène des études dans le cadre de références proposé par Kohlberg, Carol Gilligan, collaboratrice de ce dernier, s’aperçoit qu’un grand nombre de sujets qu’elle teste ne parviennent pas au fameux stade ultime du développement moral. Et que ce sont majoritairement des filles... Elle se penche particulièrement sur les réactions de pré-adolescent-e-s de 10-12 ans au « dilemme de Heinz » : celles d’un garçon (Jake) et d’une fille (Amy). Jake résout le dilemme en considérant que l’homme doit voler le médicament, et donc transgresser la loi, s’il veut sauver sa femme. Amy, quant à elle, suggère que l’homme doit aller à la rencontre du pharmacien, lui exposer sa situation et lui expliquer qu’offrir ce médicament permettrait de sauver une vie : ainsi l’homme ne transgresse pas la loi, il sauve sa femme et le pharmacien accomplit un acte altruiste.
Selon le modèle de Kohlberg, en proposant cette solution, Amy fait preuve de naïveté, d’irrationalité et n’a pas conscience des principes de la justice universelle. Et c’est là que le bât blesse pour Carol Gilligan… Tout d’abord, dans le fait que Kohlberg confonde les notions de morale et de justice. En effet, Amy envisage l’histoire non pas en termes de droit ou de justice, mais d’un point de vue relationnel : elle cherche à proposer une solution qui satisfasse tout le monde. Si Jake vole le médicament, il risque la prison et sa femme n’ira pas mieux pour autant ! Ensuite, pour Carol Gilligan, la résolution du dilemme par le garçon et la fille met en lumière leur rapport différent à la morale, estimant qu’il s’agit d’une différence… liée au genre.
« Amy [la jeune fille soumise au dilemme de Kohlberg] ne conçoit pas le dilemme comme un problème mathématique mais plutôt comme une narration de rapports humains dont les effets se prolongent dans le temps. […] Sa vision du monde est constituée de relations humaines qui se tissent et dont la trame forme un tout cohérent, et non pas d’individus isolés et indépendants dont les rapports sont régis par des systèmes de règles. » (8)
Dans son ouvrage « Une voix différente », qui paraît en 1982, Carol Gilligan avance ainsi qu’il existerait une moralité féminine différente de la moralité masculine. Une théorie au parfum plutôt essentialiste donc, Gilligan considérant que le rapport à la morale masculin est fondé sur un rapport au monde logique et juridique, tandis que le point de vue féminin repose sur le sens de la responsabilité, la communication et l’attention à autrui : l’éthique de la sollicitude, ou éthique du care, était née.
Dans les années qui vont suivre, l’éthique du care va faire l’objet de nombreuses études et critiques (à commencer par celles de Carol Gilligan elle-même). Ainsi, la politologue et féministe Joan Tronto va développer la théorie de Gilligan en l’appliquant à des questions sociétales et surtout en gommant la vision déterministe de la Femme qui serait plus disposée que l’Homme à la « morale du soin ». Elle va insister sur le fait que des hommes « ont des dispositions pour le care » , notamment dans les activités concernant la production et la protection, mais que cette dimension de leurs activités est « immédiatement occultée » (9) .
Loin des visions essentialistes précédentes, Joan Tronto va apporter des éclairages sociologiques, en lien avec l’éducation différenciée (quelles sont les filières scolaires vers lesquelles sont orienté-e-s les filles et les garçons, quels sont les choix de carrière qui s’offrent aux unes et aux autres, etc.) et au regard de l’influence des stéréotypes de genre sur les compétences et capacités supposées masculines ou féminines. Dans ses recherches, Tronto va également questionner les modèles dominants, croisant les rapports étroits qui existent entre patriarcat et capitalisme, notamment en ce qui concerne la division sexuelle du travail. Elle va ainsi creuser la dimension politique de l’éthique du care, en y apportant une perspective intersectionnelle, liée au genre, mais aussi à l’ascendance ethnique et à la classe sociale (aux États-Unis, le care est dévolu aux femmes, noires, des classes ouvrières).
« Le care est l’objet d’un partage social selon le genre, la race et la classe. Il peut alors devenir l’objet d’un travail mal rémunéré (travail des dominés ou des faibles au service des puissants) et peu considéré alors même qu’il constitue un rouage essentiel du fonctionnement de la société de marché. Alors que le soin concerne une grande partie de notre vie de tous les jours, nous n’en reconnaissons pas la valeur et ne donnons pas à cette dimension l’attention qu’elle mérite. » (10)
Quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête…
« Quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête. Le slogan du mouvement Grève des femmes a désormais son alter ego : quand le monde s’arrête, les femmes continuent. En mars dernier, le monde a pu continuer de tourner grâce aux travailleuses qui à aucun moment n’ont déserté leur poste. » (11).
Le premier confinement de la crise sanitaire du COVID-19 a eu comme conséquence de visibiliser les métiers les plus essentiels à la vie quotidienne. Avec la prise de conscience, pour beaucoup de citoyens et citoyennes, que ces fonctions et professions jugées vitales sont très majoritairement exercées par des femmes. Alors que d’autres professions, pourtant très valorisées socialement, étaient mises à l’arrêt, les caissières, les aides-soignantes, les infirmières, les puéricultrices, les accueillantes extrascolaires, les travailleuses du nettoyage, les aides familiales… ont continué à travailler. Comme l’expliquait à l’époque la sociologue Dominique Méda : « La hiérarchie des métiers, du prestige social, de la reconnaissance et des rémunérations semble très différente de la hiérarchie de l’utilité sociale. Une grande partie des métiers en première ligne font partie des métiers qui sont les plus mal payés de la société et souvent très peu considérés. Ce sont aujourd’hui ces gens-là, et particulièrement les femmes, qui sont en première ligne pour nous permettre de vivre, en ayant peur de transmettre le virus, de l’attraper aussi. » (12)
En Belgique, comme dans la plupart des pays occidentaux, les chiffres de « la ségrégation sectorielle » (les femmes dans les métiers de femmes, les hommes dans les métiers d’hommes) sont intéressants à analyser. Les femmes sont plus présentes dans des secteurs moins valorisés et moins bien rémunérés, comme les services administratifs (7,2 % vs 4,4 % pour les hommes), l’enseignement (14,5% vs 5,4%, avec une hiérarchisation différente entre l’enseignement maternel et universitaire) et les secteurs de la santé humaine et de l’action sociale (25,7% vs 5,6%). Les hommes sont, eux, mieux représentés dans les secteurs de l’industrie manufacturière (32,4% vs 8,6% de femmes), des transports et de l’entreposage (8,2% vs 2,4%) et de l’information et de la communication, en rapport notamment avec les nouvelles technologies (4,8% vs 1,8%) (13).
Si depuis le milieu du 20e siècle, les femmes ont acquis une légitimité sur le marché du travail, leurs trajectoires scolaires et professionnelles restent donc très différentes de celles des hommes. Cette division sexuelle (ou sexuée) du travail est la conséquence de plusieurs phénomènes sociaux, imprégnés de stéréotypes de genre. Tout d’abord, l’enseignement, particulièrement l’enseignement professionnel, reste très marqué par les différenciations sexuées : aux garçons les spécialités de la production, aux filles celles des services. De manière souvent inconsciente, les garçons et les filles vont être dirigé-e-s par les acteurs et actrices du monde scolaire (corps enseignant, conseil d’orientation, PMS...) vers des filières « qui leur conviennent » en fonction de leur genre.
« Malgré le développement de l’enseignement professionnel et la généralisation de la mixité, deux singularités demeurent : le public de l’enseignement professionnel est encore majoritairement masculin et les spécialités investies par les filles moins nombreuses que celles fréquentées par les garçons. La filiation avec l’univers domestique caractérise nombre de spécialités dans lesquelles se concentrent les filles, et l’actuel développement du care illustre le renouvellement de la sexuation de l’offre de formation. » (14)
L’école alimente ainsi les inégalités sexuées et le marché du travail va poursuivre la besogne, en incitant chacun-e à investir un secteur où il-elle se sent attendu-e, compétent-e et reconnu-e. Les parcours scolaires et professionnels des un-e-s et des autres sont ainsi façonnés par les stéréotypes sexués qui imprègnent la société : les hommes-les garçons
sont forts, courageux, logiques et rationnels ; les femmes-les filles sont sensibles, soigneuses, altruistes et empathiques. À eux la sphère publique, à elles la sphère privée…
Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), la main-d’œuvre mondiale du secteur des soins représentait en 2019 environ 381 millions de travailleurs-travailleuses, soit 11,5% de l’emploi mondial total. Les deux tiers de cette main-d’œuvre, soit 249 millions de personnes, étaient des femmes, représentant 19,3% de l’emploi féminin mondial. Cela signifie que près d’une femme sur cinq qui travaille dans le monde est employée dans le secteur des soins. (15)
« Une partie des emplois féminins créés dans le dernier quart du 20e siècle amène des femmes à effectuer sur le registre salarié des tâches déjà effectuées dans la sphère familiale. Dans ces activités à la limite du ménager, du sanitaire, du social et de l’éducatif, que l’on désigne sous le terme de care, les qualités dites féminines, développées et mises en œuvre d’abord dans le domaine familial ou privé, sont largement sollicitées, elles sont requises même si leur reconnaissance – professionnelle et statutaire – et leur valorisation – financière notamment – laissent à désirer. » (16)
En plus de ce glissement de la tâche domestique non rémunérée vers l’activité professionnelle, la croyance populaire voudrait que les métiers du care ne nécessiteraient que des qualités innées… et plutôt féminines : « Tu es une femme, donc tu as forcément en toi les compétences pour t’occuper des autres (les bébés, les enfants, les personnes âgées…). » Comme l’ex-plique Sandra Laugier, philosophe spécialiste du care : « Le care va renvoyer à tout ce domaine d’activités et de sentiments qui semble dévolu aux femmes historiquement, si ce n’est pas par nature : s’occuper des enfants, faire le ménage, s’intéresser à toutes ces fonctions ordinaires et naturelles du corps, cela semble historiquement lié à un domaine du féminin qui est aussi celui du privé, de l’intérieur de la maison. » (17) Ce qui éclaire la connotation – très violente – souvent associée aux métiers du care de « métiers pas ou peu qualifiés ».
Mais alors, comment sortir de cette dynamique sexiste et inégalitaire autour des métiers du care ? Joan Tronto, participant le 5 mai 2020 à l’émission « Coronavirus, une conversation mondiale » de France Culture, déclarait : « Bien que de nombreux dirigeants aient virilisé la qualification de la pandémie de Covid-19 en la comparant à l’image de la « guerre », elle est en fait, l’expression d’une explosion de la crise des soins qui se poursuit, s’approfondit et se perpétue dans le monde moderne. (…) De cette crise émergeront peut-être plusieurs prises de conscience : le besoin de soin, la nécessité d’une rémunération et d’un soutien justes et équitables pour le travail de soins et, enfin, celle d’être reconnaissants pour les soins que nous dispensons et ceux que nous recevons. » (18)
Selon elle, il devient urgent de proposer une analyse politique et sociale du care, c’est-à-dire reconnaître et valoriser les activités de service et toutes les institutions qui prennent en charge la vulnérabilité. La réflexion sur le care doit pour cela faire l’objet d’une approche radicalement dénaturalisante, non romantique, qui montre la violence de l’assignation au soin pour les femmes et dénonce les jeux de pouvoir d’une telle injonction.
« À l’heure de la réforme de l’Hôpital en France, des remises en cause du service public de l’éducation, le livre de Tronto résonne par son actualité ; il fait du care une activité fondamentale pour la nature humaine tout en montrant comment les perspectives de la sollicitude et du soin peuvent s’intégrer à l’exigence d’égalité portée par la justice dans une société démocratique (par exemple, une théorie de la justice est nécessaire pour discerner les besoins les plus urgents, les vulnérabilités les plus grandes). Avec le care, la démocratie se découvre un contenu sensible. » (19)
Et à la maison, cela se passe comment ?
À l’instar de la division sexuée du travail qui imprègne la sphère professionnelle, il existe encore aujourd’hui une répartition inégalitaire et genrée des tâches domestiques, au sein des couples hétérosexuels.
Tout d’abord, le partage de tâches est inégal en termes d’investissement de temps. Selon l’ONU, au niveau mondial, les femmes effectuaient en 2019 trois fois plus de tâches et de soins domestiques non rémunérés que les hommes. (20) En Belgique, le SPF Économie (21) relevait en 2015 que, quelle que soit la situation professionnelle de la femme, l’homme réalise en moyenne moins de la moitié des tâches domestiques, y compris lorsque sa compagne travaille à temps plein. Et en octobre 2020, l’Institut pour l’Égalité entre les Femmes et les Hommes publiait un communiqué de presse (22) dans lequel on peut lire que 81% des femmes belges effectuent quotidiennement des tâches domestiques, contre seulement 33% des hommes belges.
Par rapport aux décennies précédentes, si les femmes consacrent moins de temps aux tâches ménagères, cette évolution a donc plus à voir avec le développement des appareils électro-ménagers, des courses en ligne et des services de restauration à domicile, qu’à un plus grand investissement de leur conjoint. Pour les femmes qui en ont les moyens, une autre solution consiste aussi à engager une personne qui se chargera des tâches domestiques à votre place, le plus souvent une autre femme. Les secteurs des titres-services, des « fées du logis » et des aides ménagères, qui ont explosé ces dernières années, contribuent ainsi à alimenter une logique d’enfermement des femmes (que ce soit « la maîtresse de maison » ou « la femme de ménage ») dans la sphère domestique.
Comme souvent dans ce genre d’analyse, il est intéressant de croiser les données quantitatives (comme la durée) avec le qualitatif, c’est-à-dire quelles tâches se répartissent concrètement l’homme et la femme au sein du couple. Ainsi, l’Observatoire des inégalités, en France, concluait dans un rapport (23) très intéressant édité en 2016 que « les femmes s’occupent, au quotidien, des tâches les moins valorisées le lavage du linge, le repassage, la cuisine et le nettoyage des sanitaires, etc.} et les hommes de ce qui se voit et dure » , comme
le lavage de la voiture, la tonte de la pelouse, la construction d’un abri de jardin ou la fixation d’une étagère… Dans l’entre-deux, on retrouve les « tâches négociables » (lavage des vitres, vaisselle, balai/aspirateur, courses, prépara-
tion du repas, etc.), c’est-à-dire celles qui sont effectuées en première ligne par les femmes, mais dont les hommes peuvent se charger de temps à temps, souvent lorsque leur conjointe est absente ou occupée, et pas avec les mêmes attentes de reconnaissance.
En ce qui concerne l’éducation des enfants, les femmes conti-nuent à s’occuper davantage de leur scolarité (30 minutes par jour environ, contre 14 minutes pour leur conjoint). Les soins médicaux (les visites chez le-la dentiste ou l’orthodontiste, chez le-la pédiatre, le suivi des vaccinations, l’administration de médicaments, etc.), ainsi que les trajets d’accompagnement (à l’école, chez les copains-copines, pour les activités sportives, extrascolaires, etc.) sont également assurés aux trois quarts par les mères, tan-dis que les pères s’investissent plutôt dans les jeux et les loisirs, les activités sportives ou culturelles à partager avec leurs enfants, c’est-à-dire des activités « par choix », qui se déroulent majoritairement à l’extérieur et qui procurent le plus de satisfaction.
De la même manière qu’elle a mis en lumière le rôle joué par les femmes dans les métiers du care, la crise du COVID-19 a-t-elle eu un impact sur la répartition genrée des tâches ménagères ? Les confinements auxquels ils ont été contraints ont-ils favorisé une prise de conscience au sein des couples ?
« Fallait-il que les hommes soient soudain confinés entre deux lessives, parfois du télétravail, et trois gâteaux au yaourt en cas d’enfants à la maison, pour qu’on voie circuler comme jamais l’expression « travail domestique »,soudain sortie du vocabulaire militant ? La crise sanitaire du Covid-19 et les mois d’enfermement à domicile qui en découlent ont en tout cas remis en lumière un enjeu qui passe encore souvent sous le radar, cinquante ans après avoir été mis à l’agenda par les féministes. Entre-temps, le contenu du travail domestique a continué à changer, notamment à mesure que des machines pouvaient prendre en charge une partie des tâches. Mais son existence n’a évidemment pas été remise en question, ni même, fondamentalement, la répartition des tâches dans le foyer. » (24)
La crise sanitaire, en enfermant les hommes comme les femmes à la maison pendant plusieurs mois, a ainsi soudain rendu visibles toute une série de tâches qui, habituellement, se déroulaient en dehors des regards, principalement des regards masculins. Les grands-parents ne pouvant plus aller chercher les enfants à la sortie de l’école et s’occuper des devoirs, l’école elle-même se déroulant à la maison, les restaurants étant fermés, le télétravail faisant en sorte que les tâches ménagères s’effectuent au vu et au su de chaque membre de la famille, il a bien fallu admettre que le travail domestique était un réel travail en soi, énergivore, chronophage et pas forcément valorisant.
Le confinement n’était-il pas le moment idéal pour repenser la répartition des tâches ? C’est en tout cas ce que suggérait la psychologue Laurence Einfalt en mars 2020 : « Le confinement est l’occasion de regarder ensemble les tâches ménagères et familiales qu’il y a objectivement à remplir. Tous sous le même toit, devient visible ce qui était jusque-là sous les radars : pas le choix que de voir qu’un ménage ne se fait pas magiquement, ou qu’une lessive ne consiste pas seulement à mettre des vêtements dans la machine. » (25) D’autres étaient plus pessimistes… En juin 2020, dans l’émission « Les couilles sur la table » (26), le sociologue Jean-Claude Kauffman déclarait ainsi : « Je vais vous faire hurler, mais je suis persuadé que l’égalité des tâches ménagères, on n’y arrivera que dans plusieurs siècles. »
Le poids de la charge mentale
Ce qui est certain, c’est qu’un changement pour plus d’égalité au sein des couples doit passer par une prise de conscience, non seulement du travail domestique effectif, mais également de la charge mentale qui l’accompagne. Le concept de la « charge mentale domestique (ou ménagère) » a été analysé pour la première fois par la sociologue française Monique Haicault, en 1984, dans son ouvrage « La gestion ordinaire de la vie en deux » (27). Elle y démontre, par enquêtes successives socialement variées et par des enregistrements audiovisuels, comment, chez une femme en couple qui travaille, son esprit demeure préoccupé par les tâches domestiques sur son lieu de travail, ce qui provoque une charge cognitive épuisante. La charge mentale ménagère ne se limite donc pas à la simple réalisation d’actions, elle s’exprime principalement dans le fait de « penser à ce qui doit être fait ». Ce sont ces pensées qui représentent un poids : l’esprit n’est pas libre, car tout au long de la journée, il est accaparé par une liste de choses à ne pas oublier, ce qui engendre une grande source de fatigue mentale et physique.
En 2017, la blogueuse et dessinatrice Emma dépoussière la notion de charge mentale ménagère dans sa bande dessinée « Fallait demander » (28), en y ajoutant une dimension genrée et féministe. Elle décrit ainsi la charge mentale dans les couples hétérosexuels comme une forme d’expression du patriarcat et une oppression de la part du conjoint homme vis-à-vis de sa compagne. Pour elle, dans de nombreux ménages hétérosexuels, « le partenaire attend de sa compagne qu’elle lui demande de faire les choses » , ce qui implique qu’il la considère comme « la responsable en titre du travail domestique ». La femme a donc implicitement la responsabilité de connaître et de planifier les tâches qui sont inhérentes à la vie du ménage. Et parfois, plutôt que d’essayer de répartir les tâches parmi les membres de la famille, d’insister, de rappeler, de négocier pour que cela soit fait, dans les temps et « pas n’importe comment », pour éviter des disputes aussi, en plus de la charge mentale, beaucoup de femmes assument aussi l’exécution des tâches domestiques.
En septembre 2020, Emma publie une nouvelle série de dessins basés sur le vécu des femmes en confinement, intitulée « Il suffira d’une crise ». Ce titre est directement inspiré d’une citation de Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »
Emma remplace le terme « politique » par « sanitaire », mais la triste réalité est que les conséquences de la crise de 2020-2021 sont celles prédites par Simone de Beauvoir plusieurs décennies plus tôt. Que ce soit dans la sphère publique (recrudescence du harcèlement de rue et des agressions ; restriction de leurs droits et libertés, notamment le droit à l’avortement ; pertes d’emploi ou dégradation des conditions de travail précipitant 47 millions de femmes et de filles de plus sous le seuil de pauvreté dans le monde (29)) ou dans la sphère privée (explosion des violences conjugales et des féminicides ; augmentation de la charge mentale, émotionnelle et sexuelle au sein des couples ; assignations renforcées au travail domestique, à l’éducation des enfants, mais aussi à l’altruisme et au care - ce n’est pas un détail si ce sont majoritairement des femmes qui ont cousu des masques, bénévolement, dans les débuts du confinement) : les filles et les femmes paient la crise au prix fort.
Dégenrer et valoriser le care
Nous arrivons peu à peu au terme de notre voyage à travers le care, même si de nombreux chemins de traverse pourraient encore être explorés.
Analyser la société - de ses dynamiques les plus systémiques, comme la division sexuelle du travail, à ce qu’elle a de plus intime, comme le fonctionnement du couple - au filtre du « care » est un exercice intéressant pour faire émerger les inégalités de genre qui y persistent. Une chose est sûre : si l’on souhaite sortir des logiques assignantes, il est nécessaire de prendre conscience et de questionner la distribution des rôles entre hommes et femmes, que ce soit dans la sphère publique ou dans la sphère privée. Par exemple, sur qui repose la charge de penser aux autres et d’en prendre soin, que ce soit dans une famille ou dans une équipe de travail ?
Aux CEMÉA, nous défendons que l’on peut distinguer trois modèles de distribution des rôles, aux fondements et aux répercussions très différents : la naturalisation, la complémentarité et l’interchangeabilité. (30)
Le premier modèle envisage la répartition des rôles en fonction d’une attribution « par la nature » de compétences (et qualités, défauts, comportements) fondamentalement différentes pour les hommes (force, courage, autorité, rationalité, pouvoir et prise de décision…) et pour les femmes (douceur, empathie, écoute, relationnel, éducation et soin…). Les rôles se répartissent de manière clivée et figée, dans la mise en œuvre de ces compétences prétendument innées, celles-ci pouvant être hiérarchisées ou non.
La complémentarité se fonde sur la considération que les hommes et les femmes sont comme les deux parties d’un tout, fondamentalement différentes, mais jamais aussi efficaces et pertinentes que quand elles se complètent et collaborent. Avec la complémentarité, le focus est mis sur l’accomplissement de la tâche, l’efficacité, la rentabilité, le gain de temps. Les rôles se répartissent de manière clivée et figée en fonction de l’efficience, sans questionner la manière dont les compétences des un-e-s et des autres ont été acquises à travers la socialisation différenciée. La complémentarité représente un enfermement redoutable, car le système fonctionne bien : la tâche aboutit (plus) rapidement et (plus) efficacement. Chacun-e sait où se trouve sa place et ce qu’il-elle a à faire, ce qui est confortable.
L’interchangeabilité des rôles implique qu’il ne s’agit pas de prédétermination (naturelle, historique ou sociale), mais bien d’une construc-tion sociale qui fait que les filles et les garçons, les hommes et les femmes, sont davantage encouragé-e-s à exercer certaines compétences plutôt que d’autres, selon les normes sexuées attendues. Une manière de lutter contre ces enfermements est donc de permettre aux individus, dès le plus jeune âge, de poser des choix et d’expérimenter. Avec l’interchangeabilité des rôles, l’accent n’est pas mis sur la tâche ou le résultat, comme avec la complémentarité, mais sur l’émancipation des individus : leur développement personnel, leur libre arbitre, leur autonomie, etc. Les rôles ne sont ni figés, ni clivés, ni hiérarchisés. Chacun-e peut tout faire, tout essayer, à condition d’accepter : de dialoguer et négocier ; de sortir de sa zone de confort pour acquérir d’autres compétences que celles que l’on maîtrise et pour lesquelles on est reconnu-e et attendu-e ; de partager des compétences ; de lâcher prise pour laisser l’autre expérimenter, sans porter d’emblée un jugement sur ce qu’il-elle fait (forcément il-elle le fera « moins bien » que celui ou celle qui a l’expérience). C’est un fonctionnement plus inconfortable, parce que moins prévisible, mais c’est le seul modèle qui ne se fonde sur aucun déterminisme et qui permette de lutter contre les assignations, qui entourent notamment la question du care.
Par exemple, si l’on part du principe qu’un enfant (ou un groupe d’enfants) a besoin à la fois de soin (tendresse, écoute, empathie, réconfort) et de cadre (règles et limites, valeurs, autorité), les implications concrètes de chacun de ces modèles vont être différentes, que ce soit au sein d’un couple ou d’une équipe éducative.
Avec la naturalisation, c’est toujours la femme (mère ou animatrice-éducatrice) qui soignera, écoutera et consolera, l’homme (père ou animateur-éducateur) qui recadrera et sévira. Les rôles sont figés, la question des compétences (et de l’acquisition de ces compétences) de chacun-e ne se pose pas, puisqu’elle « coule de source ».
Avec la complémentarité, la femme peut réconforter et l’homme recadrer… ou inversement, mais toujours dans la même configuration. La même personne jouera le même rôle, attribué au début du fonctionnement du couple ou de l’équipe en fonction de qui est considéré-e comme le-la plus efficace et pertinent-e. Et il y a fort à parier que, la socialisation différenciée étant passée par là depuis l’école jusqu’au marché de l’emploi, les tâches se répartiront selon une vision essentialiste des compétences de chacun-e. Les rôles sont donc figés, l’accent est mis sur le résultat attendu et la rapidité avec laquelle la tâche sera effectuée (ce sera « plus vite fait » ou « mieux fait » si c’est moi / toi).
Avec l’interchangeabilité des rôles, c’est parfois la femme qui console ou recadre, parfois l’homme. Non seulement chaque besoin de l’enfant est effectivement rencontré par les adultes, mais de manière non assignée et en lui proposant des modèles identificatoires non figés, qui lui permettront de se construire en posant des choix et en expérimentant, au même titre que les adultes qui l’entourent.
Par conséquent, l’interchangeabilité des rôles permet également d’envisager autrement les compétences professionnelles liées aux métiers du care, de même que l’apprentissage de ces compétences. Il ne suffit pas d’être une femme pour être capable de s’occuper d’enfants ou de personnes âgées, pour prendre soin des malades ou des plus vulnérables. Les métiers liés à l’éducation, aux soins aux personnes, à l’accompagnement de la naissance, du handicap, de la vieillesse ou de la fin de vie, nécessitent des qualifications spécifiques. Nécessitent également qu’on leur accorde du temps, des moyens et une juste reconnaissance de leur rôle social.
De manière plus large encore, les métiers du care touchent à de multiples dimensions essentielles de notre vie quotidienne, qu’il est indispensable de visibiliser, comme l’explique la sociologue franco-israélienne Eva Illouz : « Nous devons en effet notre survie aux femmes et aux hommes qui travaillent dans les supermarchés, dans les hôpitaux, aux gens qui nettoient les rues, aux livreurs qui nous apportent de la nourriture à domicile, aux agents qui entretiennent le réseau d’électricité ; ce sont ces personnes qui sont devenues essentielles à notre existence. Les célébrités ou les financiers sont apparus dans toute la splendeur de la vacuité de leur travail, tandis que ceux qui occupent les activités habituellement invisibles et dévalorisées se sont révélés être nos piliers. S’il y a une leçon à retenir ici, c’est que notre monde « normal » fonctionne avec une échelle de valeurs fausse et inversée. Puisque les personnes qui nous ont protégés et qui ont contribué à maintenir l’ordre social se trouvent en bas de l’échelle, alors que celles qui se situent au sommet ont été, dans l’ensemble, entièrement inutiles. » (31)
On peut espérer que de la crise sanitaire émergeront des prises de conscience : le besoin de soins qui touchera chacun-e à un moment de sa vie, l’importance d’une revalorisation des métiers du care et enfin, la nécessité d’envisager la question du soin (dans la sphère privée ou d’un point de vue professionnel) autrement qu’à travers les déterminismes sociaux et les stéréotypes de genre.
« Supposons que nous arrêtions de penser le monde par le biais des catégories qui nous permettent de le penser aujourd’hui, telles que la productivité, la création et la préservation des richesses. Supposons que nous nous concentrions davantage sur les manières de donner et recevoir les soins, que nous soyons enfants, âgés, infirmes, que ce soit pour se nourrir ou se vêtir, et combien ces attentions constituent un pan essentiel de notre vie quotidienne. Organiser la vie autour des soins plutôt que du « travail » dans « l’économie » changerait tout, de la façon dont nous passons nos journées à la façon dont nous pensons aux autres. » (32)
Avec cette question essentielle : dans quelle mesure, à tour de rôle, serons-nous capables à l’avenir d’être soigné-e-s mais aussi de prendre soin d’autrui ?
1 / « COVID-19 : Les femmes en première ligne - Déclaration de Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, Sous-secrétaire générale des Nations Unies et Directrice exécutive d’ONU Femmes », 20 mars 2020, à lire sur : https://www.unwomen.org/fr/news/stories/2020/3/statement-ed-phumzile-covid-19-women-front-and-centre
2 / Brugère Fabienne, « Le sexe de la sollicitude », Seuil, 2008.
3 / Simon Marie-Anaïs, « Le care, un enjeu du féminisme ? », Analyse Femmes Plurielles, FPS, 2019.
4 / Cresson Geneviève et Gadrey Nicole, « Entre famille et métier : le travail du care », in Nouvelles Questions Féministes, Cairn Info, 2004.
5 / Gilligan Carol, « Une voix différente. Pour une éthique du care (anglais : In a Different Voice : Psychological Theory and Women’s Development) », 1982.
6 / Combis Hélène, « Le « care » : d’une théorie sexiste à un concept politique et féministe », France Culture,
https://www.franceculture.fr/societe/le-care-dune-theorie-sexiste-a-un-concept-politique-et-feministe, 6 mai 2020.
7 / https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_d%C3%A9veloppement_moral_de_Kohlberg
8 / Gilligan Carol, « Une voix différente. Pour une éthique du care (anglais : In a Different Voice : Psychological Theory and Women’s Development) », 1982, p. 51-52.
9 / Tronto Joan, « Un Monde vulnérable. Pour une politique du care », La Découverte, 2009 - trad. de Moral Boundaries : A Political Argument for an Ethic of Care, 1993.
10 / Brugère Fabienne, « Pour une théorie générale du « care » - À propos de : J. Tronto, Un monde vulnérable, pour une politique du care, La Découverte », https://laviedesidees.fr/Pour-une-theorie-generale-du-care.html, 8 mai 2009.
11 / Demez Gaëlle, « Le care en première ligne », Fédération des Maisons Médicales, https://www.maisonmedicale.org/Le-care-en-premiere-ligne.html, 5 mars 2021.
12 / Méda Dominique, « Les métiers ultra féminins, ultra mal payés nous permettent de continuer à vivre »,
interview de Safia Kessas pour l’émission « Les Grenades », RTBF, 17 avril 2020.
13 / « La dimension de genre de la crise du Covid-19 », note de l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes, 7 juin 2020.
14 / Divert Nicolas, « L’enseignement professionnel et la division sexuelle du travail en France », Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe [en ligne], https://ehne.fr/fr/node/21574 , 3 juin 2021.
15 / ONU Femmes, « Le progrès des femmes dans le monde », https://www.unwomen.org/fr/news/stories/2019/6/press-release-progress-of-the-worlds-women-2019, 2019.
16 / Cresson Geneviève et Gadrey Nicole, « Entre famille et métier : le travail du care », in Nouvelles Questions Féministes, Cairn Info, 2004.
17 / Laugier Sandra, « Prendre soin : le care est il un concept féminin ? », France Culture, émission « Les nouveaux chemins de la connaissance », ,https://www.franceculture.fr/societe/le-care-dune-theorie-sexiste-a-un-concept-politique-et-feministe, 8 juillet 2010.
18 / Tronto Joan, « Organiser la vie autour du soin plutôt que du travail dans l’économie changerait tout », pour l’émission « Coronavirus, une conversation mondiale », France Culture, https://www.franceculture.fr/societe/joan-tronto-organiser-la-vie-autour-du-soin-plutot-que-du-travail-dans-leconomie-changerait-tout, 5 mai 2020.
19/ Brugère Fabienne, « Pour une théorie générale du « care » - À propos de : J. Tronto, Un monde vulnérable, pour une politique du care, La Découverte », https://laviedesidees.fr/Pour-une-theorie-generale-du-care.html, 8 mai 2009.
20/ ONU Femmes, « Le progrès des femmes dans le monde », https://www.unwomen.org/fr/news/stories/2019/6/press- release-progress-of-the-worlds-women-2019, 2019.
21/ http://inegalites.fr/spip.php?article245
22 / Institut pour l’Égalité entre les Femmes et les Hommes, « La conciliation entre vie professionnelle et vie familiale encore fortement marquée par le genre », communiqué de presse, https://igvm-iefh.belgium.be/sites/default/files/downloads/pb-com-binatie-cijfers2020_fr.pdf, 29 octobre 2020.
23 / http://inegalites.fr/spip.php?article245
24 / Leprince Chloé, « Travail domestique : le jour où on s’est mis à regarder ces chiffres qui font mal », France Culture, https://www.franceculture.fr/societe/travail-domestique-soudain-regarder-ces-chiffres-qui-font-mal-et-passer- laspirateur#Echobox=1589400244, 13 mai 2020.
25 / In « Confinement et tâches domestiques : « Une augmentation des inégalités dans le couple est à craindre », Le Monde, 25 mars 2020.
26 / Podcast « Les couilles sur la table » de Victoire Tuaillon, épisode 63 « Un gars, une fille : portrait du mâle en couple », 22 juin 2020, à écouter sur : https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/un-gars-une-fille-portrait-du-male-en-couple
27 / https://fr.wikipedia.org/wiki/Charge_mentale_m%C3%A9nag%C3%A8re
28 / Emma, « Fallait demander », sur le site Emmaclit.com, https://emmaclit.com/2017/05/09/repartition-des-taches- hommes-femmes/
29 / https://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/society/20210225STO98702/l-impact-du-covid-19-sur-les-femmes-infographie
30 / Pour en savoir plus sur le projet « Pour une éducation à l’égalité des genres » des CEMÉA, lire les deux tomes du « Guide de survie en milieu sexiste » sur http://www.cemea.be/Guide-de-survie-en-milieu-sexiste
31 / Illouz Eva, « Depuis les ténèbres, qu’avons-nous appris ? », tribune, Le Nouvel Observateur, https://www.nouvelobs.com/idees/20200511.OBS28639/depuis-les-tenebres-qu-avons-nous-appris-par-eva-illouz.html, 11 mai 2020.
32 / Tronto Joan, « Organiser la vie autour du soin plutôt que du travail dans l’économie changerait tout », France Culture, https://www.franceculture.fr/societe/joan-tronto-organiser-la-vie-autour-du-soin-plutot-que-du-travail-dans-leconomie-changerait-tout, 5 mai 2020
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